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Du sud et une petite frayeur

Après trois bonnes grosses journées de course, les leaders de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Class40 ont découvert un plaisir nouveau, dont ils doivent s’empresser de profiter : ils naviguent vent de travers ! Après avoir, en Manche comme durant toute la traversée du golfe de Gascogne, grignoté du terrain en avançant au près, dans une mer presque aussi rugueuse qu’un deuxième ligne sud-africain, les solitaires exploitent du vent portant dans une mer un peu moins hachée. Qu’ils ne se réjouissent pas trop vite : l’arrivée dans les parages d’une nouvelle zone dépressionnaire va leur imposer de naviguer face au vent une nouvelle fois dans cette journée de dimanche. 

En début de soirée samedi, Ian Lipinski a donc viré de bord et fait pointer l’étrave de son Class40 Crédit Mutuel vers le sud, juste avant la latitude du cap Finisterre, la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique. Depuis, la flotte s’est étalée d’est en ouest, chacun cherchant son allure optimale et soignant ses schémas stratégiques. Dans ce groupe de tête, le leader, Corentin Douguet, est le plus à l’ouest, Axel Tréhin est le plus à l’est et, pile au milieu, Ian Lipinski progresse dans une position d’attente. « Les routages nous font toujours passer dans l’ouest de l’anticyclone des Açores, mais je pense rester sur la première idée, qui est d’aller chercher les alizés, ce qui ne sera pas simple parce qu’il faudra traverser une belle dorsale dans l’est de l’anticyclone ». Par dorsale, entendez zone tampon aux vents bien faiblards.

Dans ce moment où les positions méritent d’être un peu relativisées, Ian est 9e, à 20,9 milles de Corentin Douguet. Le skipper du Class40 Crédit Mutuel paye cependant un petit moment de flou, vécu entre jeudi et vendredi : « J’ai eu de grosses difficultés avec ma vitesse. Je me suis affolé : j’ai cru que j’avais quelque chose dans la quille. J’ai même fait marche arrière, j’ai filmé aussi pour voir mon arbre d’hélice. En réalité, j’ai eu du mal à trouver le bon réglage de voiles ! Je me suis fait rattraper par tout le monde. Mais je ne suis pas largué par le groupe, rien n’est perdu, il faut s’accrocher ». 

Dans le jeu, Ian peut donc compter sur lui (« J’arrive à dormir et je mange à peu près ») et sur un bateau en parfait état de marche, qui n’a pas souffert de l’âpreté de ces quatre premiers jours de course. 

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