Hier, lundi, alors que s’ouvrait la deuxième journée de navigation entre Horta et La Rochelle, l’avant-flotte s’est attelée à dessiner une bien jolie figure : la fameuse aile de mouette. Faisant route plein est, le Class40 Crédit Mutuel et ses concurrents ont soudainement et brièvement plongé dans le sud, l’espace de quelques heures, avant de reprendre leur trajectoire initiale. L’enjeu était d’aller se positionner de manière à ne pas se faire prendre dans la dorsale anticyclonique, par nature faible en vents, qui glissait en travers de la route de la flotte du Défi Atlantique tout en s’éteignant progressivement, et de profiter du maximum de vitesse que proposait la météo.
Dans cette manœuvre collective, chacun a aussi veillé à servir ses intérêts à moyen terme. Pour Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Rémi Fermin, le coup d’après semble se dessiner dans le sud de la flotte. Une lecture de la situation assez similaire a été faite par les deux premiers rivaux au classement de Crédit Mutuel, Alberto Bona et Ambrogio Beccaria, positionnés également dans le sud.
Reste que, pour lire la situation météo des jours à venir, il faut avoir de sacrés bons yeux ! Doivent s’enchaîner – se mêler ? – des vents de nord-ouest, qui induisent une remontée au près pour toute la flotte, la création d’une nouvelle dorsale anticyclonique qui pourrait barrer la route des monocoques, mais aussi la naissance aux Açores d’une dépression, qui viendra s’enrouler au-dessus de leur tête avec, dans 48 heures, des vents de 45 nœuds dans son centre. Pour résumer le casse-tête qui se présente à Ian Lipinski et ses hommes : il faudra sauter dans le bon train. Et, pour cela, ne pas se laisser embarquer sur les voies de garage vers lesquelles cette météo vraiment pas simple ne manquera pas de tenter de les aiguiller.