Taquine, la météo de cette première journée sur Les Sables-Horta-Les Sables cache son jeu, contraignant la flotte à courir vers l’ouest sur une route par défaut. Ce matin, Ian Lipinski et Ambrogio Beccaria, étaient 8e d’un classement qui ne dit pas encore grand-chose.
Avancer sans voir la route, c’est un jeu vieux comme la civilisation. A terre, cela s’appelle le colin-maillard. En mer, cela s’appelle faire du gain, c’est-à-dire privilégier la vitesse au cap. Les yeux pour ainsi dire bandés, faute de lisibilité.
Comme le reste de la flotte de 23 Class40 qui a pris le départ de la course Les Sables-Horta-Les Sables dimanche à 13h00, Ian Lipinski et Ambrogio Beccaria ont pour ainsi dire les yeux bandés. Aucune route ne se dégage réellement parmi toutes celles qui se proposent sur leur logiciel de routage. Alors, en attendant que le jeu se décante un peu, les deux skippers à bord du Class40 Crédit Mutuel vont tout droit, cap plein ouest. « Le schéma météo est tordu, expliquait Ian à 1 heure du matin, ce n’était pas lisible entre les routes nord et sud, alors on a optimisé la route ouest, en faisant la plupart du temps du 280° (pile vers l’ouest). Depuis le départ, on fait donc du gain dans l’ouest en tirant sur la barre, ce n’était pas trop mal. Malheureusement, on a été arrêté depuis deux heures tandis que les gars du sud ont moins freiné. On a fait un contrebord (un recalage) pour sortir d’une zone pourrie, mais ce n’est pas facile. Rien ne sera facile pendant 24 heures. Alors on bosse, on bosse ».
Une des bonnes nouvelles, c’est que le Class40 Crédit Mutuel a bien géré le départ, qui n’était pas si simple puisque, sitôt la ligne de départ franchie, les bateaux ont eu à effectuer un parcours côtier constitué d’un joli triangle à parcourir, avec un bord devant la plage des Sables-d’Olonne, avant de filer vers l’ouest. Sympa, mais crispant quand il y a trois marques à virer et 24 bateaux. « On a toujours le stress du truc qui ne va pas : la collision, la mauvaise manœuvre, la cocote dans les voiles… C’est un soulagement de finir le parcours, d’autant qu’il y avait un peu de vent. On peut ensuite se mettre dans un vrai rythme de course au large ». Ce matin, à 7 heures, le Class40 Crédit Mutuel avançait dans une mer un peu formée, clapoteuse, dans 9 nœuds de vent de sud à la lisière d’une dépression typique du golfe de Gascogne. Au reaching (vent de travers), Ian et Ambrogio sont encore positionnés 15 milles dans le nord des Sables-d’Olonne, une trentaine de milles au nord de la route théoriquement la plus rapide vers les Açores. Le Class40 Crédit Mutuel était 9e à la même heure après avoir pointé en tête d’un classement qui ne révélera pas grand-chose tant que la flotte ne fera pas plus franchement cap sur les Açores. Au petit matin, le duo a commencé à mettre du sud dans sa route, pour une session de près qui va le rapprocher des leaders. A moins que cela ne soit qu’un petit coup tactique si l’on se réfère à la conclusion du message de Ian, cette nuit : « On va essayer de jouer avec les petites risées, d’éviter les nuages en espérant d’avoir un peu de la réussite qu’on n’a pas trop eue encore. Mais ça va être long… »