Depuis mardi après-midi, la Class40 a adopté le régime commando. Bandeau bien serré sur le front, grand-voile réduite, petite voile d’avant, les leaders ont rangé le bateau et convoqué l’énergie qui les habite. En tête de cette vaillante flotte ce mercredi matin, Ian Lipinski raconte sa route : « On a passé une nuit (de lundi à mardi) vraiment compliquée. Dans le centre de la dépression qu’on voulait traverser, le vent était extrêmement irrégulier : pas de vent, des nuages, des grains, ce qui a donné beaucoup de boulot. Voilà deux nuits qu’on ne dort pas ».
Ce n’est pas la vitesse des vents qui prive les solitaires de sommeil, mais ses irrégularités, qui imposent une vigilance de tous les instants, des changements de voile à répétition, des variations de cap, des réglages millimétriques et un bon temps d’analyse et de réflexion sur les stratégies à venir.
Mardi, donc, dans la pluie et la grisaille de l’Atlantique Nord, le skipper du Class40 Crédit Mutuel s’était préparé à affronter une session de vents forts : « On va faire 24 à 36 heures de vent de travers, sur un angle serré. On aura jusqu’à 35 nœuds, ça va souffler fort. Dehors, j’ai bien préparé le bateau. J’ai changé la voile d’avant, pour mettre la trinquette, et j’ai pris un ris dans la grand-voile. Tout est bien rangé. On part pour une bonne session, à faire le dos rond et veiller à ne pas abîmer le matériel. Et, une fois qu’on aura encore réduit la voilure, il y aura moyen de dormir ».
Ce matin, Ian avait toujours un coup d’avance sur l’ensemble de la flotte. Posté dans le nord de la meute, imité par Nicolas d’Estais (Café Joyeux), et Fabien Delahaye (Legallais). Décalé d’une grosse quinzaine de milles dans le sud, 4e à 8,8 milles du patron, Ambrogio Beccaria est partie intégrante de la menace directe. Les chasseurs ne sont pas loin… mais ils sont derrière.