La flotte de la 10e Québec Saint-Malo ne sait plus à quel vent se vouer. Même lorsqu’un régime dépressionnaire circule à l’ouest des Açores, le phénomène génère encore des surprises. S’ils ont manqué de réussite dans leur option nord amorcée dès l’entrée dans l’Atlantique Nord, à laquelle ils ont renoncé, finissant par plonger vers le sud, résignés, Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Benoît Hantzperg sont bien mieux servis qu’ils l’espéraient. Hier, les trois navigateurs du Class40 Crédit Mutuel ont réussi à accrocher la dépression qui porte la tête de la course, et « Ça fume à bord du Class40 Crédit Mutuel !, raconte le skipper. On rattrape la dépression qu’on pensait ne pas pouvoir rattraper. On est bien dedans. Ça envoie, des pointes à 22, 23 nœuds. On est content d’aller vite, on rattrape des milles. On a toujours beaucoup de retard, mais on y croit et on ne lâche rien ».
Des 238 milles de retard sur la tête de course constatés dimanche, il n’en reste « que » 70. Déferlant à pleine vitesse vers l’est, les trois marins ont pour eux de pouvoir dessiner une trajectoire relativement simple, plus directe que celle des leaders Pierre-Louis Attwell, Fabien Delahaye et Achille Nebout, et plus nord, ce qui a mécaniquement permis aux retardataires de gommer une partie de leur retard.
Pour le Class40 Crédit Mutuel, l’enjeu est de parvenir à suivre la vitesse d’avancement de la dépression qui porte la flotte. Cela doit permettre à Ian, Antoine et Benoît de ne pas se laisser happer par une grosse dorsale anticyclonique qui pousse dans leur dos. Parviendront-ils pour autant à revenir dans le jeu du podium ? Il est bien tôt pour le dire. On sait que, avant le départ, Ian Lipinski espérait des conditions fortes, favorables à son bateau : « On va savourer ce dernier run avec le 158 ; on veut trente nœuds au portant et beaucoup de vagues ». On sait qu’en régate aussi, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Nul n’est à l’abri d’une bonne surprise !
P.S. : L’équipe du Class40 Crédit Mutuel adresse ses plus chaleureuses pensées à Alberto Riva et ses équipiers Jean Marre et Tomaso Stella, victimes d’un naufrage hier, sains et saufs.