Cette nuit, à hauteur de la frontière entre le Sahara Occidental et la Mauritanie, Ian Lipinski et Julien Pulvé ont changé de bord pour s’éloigner de la côte qu’ils ont longée un moment, et ils font route vers le large, ce matin. C’est là, au plus près du continent africain, que souffle le vent, puisque les alizés refusent décidément de s’animer. S’ils ont empanné, c’est aussi parce que, dans leur sud, une zone d’interdiction à la navigation a été mise en place par la direction de course afin de les éloigner d’un secteur qui est à la fois une zone de pêche très fréquentée, une route de cargos… et le lieu d’actes de piraterie. Et c’est bien dommage, puisque c’est là que soufflait le vent…
Le mardi 16 novembre ne restera pas dans la mémoire de Ian et de Julien comme une grande date de navigation parce que, décidément, cette Transat Jacques Vabre n’est toujours pas résolue à leur sourire. Après la zone tampon qui les a englués en début de course, la traversée des Canaries s’est révélée complexe. Les deux marins du Class40 Crédit Mutuel y ont perdu quelques milles.
Ils avaient pourtant joué de mesure dans le choix stratégique qui s’ouvrait à eux : « C’est un peu dur, avoue Ian. Après être revenu, on a empanné un peu tôt (au nord des Canaries), et le passage des îles a été difficile. Comme le disent les bouquins et comme le disaient les fichiers météo, on est passé par là où il y a le moins de dévents… et pourtant on en a eu plein. C’est sympa de faire du bateau dans ces conditions agréables, mais on est là pour faire une course, et celle-ci ne tourne pas en notre faveur en ce moment. Pourvu que ça change ! »
Ce matin, le Class40 Crédit Mutuel est à 102 milles de la tête de la course, menée par Antoine Carpentier et Pablo Santurde del Arco (Redman). Portés par un peu plus d’air, Brian Thompson et Alister Richardson (Tquila) se sont rapprochés et sont venus se caler plus près de l’orthodromie, la route théoriquement la plus rapide, qui permet d’évaluer la distance à parcourir. Les Britanniques ont en théorie gagné une place, faisant passer Crédit Mutuel en 8e position. Tout ceci est encore très relatif, chacun jouant sa partition dans son coin. Les positions seront plus simples à lire lorsque les bateaux franchiront la marque de parcours virtuelle positionnée par l’organisation au cœur du Cap Vert au sud de l’île de Sal. Il reste 350 milles à parcourir avant de mettre le cap plein ouest pour effectuer la grande traversée d’est en ouest. Ce ne sera pas pour tout de suite, avec cette météo si atypique…