Ce fut une journée bien étrange. De celles qui font des nœuds au cerveau. Le jour n’était pas encore levé que le Class40 Crédit Mutuel, un temps l’étrave pointée vers le nord en attendant le retour du vent hier matin, finissait par toucher du vent, enfin, et se mettait à glisser vers le sud à 8 nœuds – ô miracle !
Sur un terrain de jeu qu’ils connaissent par cœur, au large de Penmarch, Ian Lipinski et Julien Pulvé ont alors joué la carte du continent, pour échapper à la poche de vent faible qui hantait, et hante encore, les côtes du Finistère sud. Mais cette poche a fini par se poser sur les bateaux les plus à l’est de la flotte, et Ian et Julien ont vu les « occidentaux » glisser devant eux, sans rien pouvoir y faire.
Le Class40 Crédit Mutuel n’est pas le seul cador à souffrir de la situation en ce mercredi matin. Redman, Crosscall et Project Rescue Ocean sont trois des autres favoris à concéder entre 35 et 45 milles retard à la tête de la course.
Voilà pour la vision à courte terme. A moyen terme, si les prévisions météo se révèlent justes, Ian et Julien, 30e avec 58,1 milles de retard au classement de 9 heures, devraient faire du gain dès cette journée de mercredi. Ils bénéficient du vent d’est qui s’est établi lentement sur le golfe de Gascogne (6-8 nœuds), dans un angle propice à la vitesse (relative), tandis que les plus à l’ouest sont déjà concernés par une longue bande de vent faible installée au large des côtes ibériques. Cette poche anticyclonique laisse souffler cependant un étroit couloir de vent de nord à 10-15 nœuds le long du cap Finisterre. La situation météo n’étant guère plus claire à hauteur des Canaries, c’est à un drôle de casse-tête que la flotte des Class40 se frotte actuellement. On n’est pas au bout de nos surprises.