Ian Lipinski

Ian Lipinski

La passion de la mer

Ian Lipinski avance dans la vie guidé par sa passion pour la mer.

Diplômé de Supaéro à Toulouse, Ian Lipinski est happé par le goût de la mer et du voyage. Il acquiert un bateau de croisière à bord duquel il sillonne l’Atlantique Nord avec sa femme, mère de ses deux enfants. Ces croisières, son expérience de moniteur de voile dans la célèbre école des Glénans et ses rencontres avec des marins de la classe Mini finissent de le convaincre que sa vie s’écrira sur l’océan.

Mais c’est en acceptant la proposition d’un certain Sébastien Picault de naviguer sur une course en mini 6.50 : le Mini Fastnet, qu’il découvre la voile de compétition. La Classe Mini (bateau de 6.50 mètres) est réputée pour l’esprit singulier qui l’anime. Les liens entre les marins sont solides… Amitié, entraide et débrouillardise comptent pour beaucoup pour bâtir les contours d’un « bon ministe ». Ça lui plait ! Mais ce qui pointe désormais chez Ian, c’est aussi l’envie de compétition. Et ici, si les bateaux sont « minis », le niveau d’engagement sur l’eau est « maxi ». Rapidement, le skipper fait ses valises et s’installe à Lorient devenu l’épicentre de la course au large. Ian se sent à sa place immergé dans cet univers de la voile de compétition.

Ian Lipinski

La Mini, révélateur de talent

En 2012, celui qui est aussi très méthodique et organisé décide de s’acheter un bateau, un mini de série (un Pogo 2 du chantier Structure). C’est le début d’une incroyable carrière en Mini 6.50. Mais avant de connaitre les victoires, Ian a d’abord connu les galères, de celles qui tannent le cuir du marin.

Pour sa première Mini Transat en 2013 (traversée de l’Atlantique en solo à bord de monocoque de 6.50 m et sans moyen de communication), il chavire au large du Portugal dans des conditions dantesques. Contraint d’abandonner son bateau, il est secouru par un cargo. Un choc émotionnel fort qui lui donne encore plus l’envie de réussir dans ce milieu qui lui montre alors sa face la plus dure.

Déçu ou plutôt frustré de ne pas avoir pu mener son projet à terme, Ian rebondit très vite. L’hiver suivant, on lui propose de participer à la construction d’un nouveau Mini 6.50, le Ofcet. Il croit en son destin et fonce tête baissée dans ce projet qui l’anime tant par son volet technologique que par la découverte sportive qui doit succéder à la naissance de ce monocoque dont on lui confie le rôle de skipper. Un an après sa mise à l’eau, l’Ofcet devient bateau de série. Ian se présente au départ de la Mini Transat 2015 à bord d’un monocoque qu’il connait par cœur et avec lequel il vient de remporter la Transgascogne. Dès la première étape, il imprime son rythme. Il s’impose à Lanzarote aux Canaries et termine 2ème de la deuxième étape à Pointe à Pitre. Il s’offre ainsi une victoire éclatante en bateau de série sur la Mini Transat, course référence.

Ian Lipinski

Ian Lipinski dans l’histoire de la course au large

Bientôt un nouveau challenge se présente à lui. Il veut tenter le doublé et rêve désormais de s’imposer en prototype.

Il acquiert cette fois le Mini numéro 865. Un prototype de 2014 dessiné par David Raison. Rapidement, Ian prend en main ce proto et tire la quintessence de ce bateau à étrave ronde qui n’a jusqu’alors pas prouvé toutes ses capacités. Quand il prend le départ de sa troisième Mini Transat en 2017, Ian est invaincu depuis 15 courses ! Du jamais vu sur la classe Mini ! Il quitte La Rochelle en grand favori et remplit sans fausse note la mission qu’il s’était fixée. Vainqueur de la première étape, il s’impose aussi en Martinique, remportant de main de maitre sa deuxième Mini Transat d’affilée. Un palmarès d’exception, une performance que personne d’autre que lui n’a réalisé par le passé. Salué par ses pairs, Ian ne tarde pas à faire savoir qu’il voit désormais plus grand.

Brillant en classe supérieure

Sa rencontre avec le Crédit Mutuel lui permet de réaliser son rêve d’accéder à la Class 40. Ce monocoque de 12,19 m va lui permettre de poursuivre son histoire avec l’Atlantique. Transat Jacques Vabre en double et Route du Rhum en solo sont désormais dans la ligne de mire de ce skipper talentueux. Mais avant cela, il va imaginer, façonner, faire naitre ce bateau dont il a confié le dessin à David Raison. Car avant d’être un marin d’exception, Ian est un fidèle en amitié. Il croit dans les rencontres de sa vie. Celle avec David Raison l’a mené vers une deuxième victoire sur la Mini Transat, elle ouvre désormais tous les champs des possibles en Class 40 …

Pour la suite de son projet, Ian  garde auprès de lui Sébastien Picault. Le directeur technique, l’architecte et le skipper rrelève ensemble un nouveau  défi : mettre à l’eau et optimiser en un temps record ce Class40 polyvalent, doué de performances remarquables à certaines allures et peu pénalisé par ses points faibles.

Avec Adrien Hardy, son co-skipper, Ian a un plan en tête pour la Transat Jacques Vabre 2019 : prendre de l’avance dès les premières heures dans l’ouest. Ils seront les seuls à aller aussi loin dans l’application de ce schéma qui correspond aux allures préférentielles de Crédit Mutuel. Au point de croisement, à Madère, le duo était déjà en tête, avant de signer le nouveau record des 24 heures en Class40 (415,86 milles, 17,3 nœuds de moyenne) et de creuser l’écart jusqu’au pot au noir. Un moment fort pour Ian : « C’était mon premier franchissement de la zone de convergence intertropicale. J’ai été très impressionné par les premières images, les photos satellites. Sur ton écran, tu vois apparaître des masses rouges de 200 milles de long qui signifient que les nuages sont très denses… et interminables. J’avais l’impression d’entrer dans une zone de folie ! Au final, ce fut un amoncellement de grains ».

Au moment de pointer l’étrave plein sud, le long des côtes brésiliennes, Crédit Mutuel a un peu perdu de son avance, mais le jeu s’achèvera à la queue-leu-leu, et par une victoire méritée. « La victoire m’a fait du bien, parce qu’elle est venue saluer des prises de risques assumées par David Raison, mon partenaire et moi. Ce fut une belle récompense pour tout le monde ».

La suite ? Elle arrive. Avec un temps de retard, en raison de la crise sanitaire qui a figé le premier semestre 2020. Le retour sur l’eau, en juillet, est presque une résurrection. Avec à son bord son team manager Sébastien Picault, le très prometteur Italien Ambrogio Beccaria et Gwénolé Gahinet, en partance pour un tour du monde en famille, Ian remporte la Dhream Cup. Dans l’élan, le skipper du Class40 Crédit Mutuel se frotte en solitaire au record du tour des îles Britanniques, au point d’éroder le temps de référence et de le porter à 7 j 17 h, 50 min et 48 sec. L’année 2020 se conclut sur un nouveau podium et une 2e place sur la Normandy Channel Race.

Vents contraires

L’année 2021 débute sous les mêmes augures. 4e de la CIC Normandy Channel Race en mai, 3e de la Horta-Les Sables-Horta, Ian Lipinski et son équipier Julien Pulvé se positionnent parmi les favoris pour la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, point d’orgue de cette saison de course en double. Las. Après avoir su s’extirper de deux pièges météo qui les pénalisent un temps, les compères reviennent dans la course au podium… avant de subir une avarie dont les conséquences les repoussent en 14e position, leur place à Fort-de-France.

L’année 2022 est placée sous le signe du solitaire. Ian truste les places d’honneur, remportant notamment la CIC Normandy Channel Race, grimpant aussi sur la boîte lors des 1000 milles des Sables (2e) et accédant à la troisième marche de la 40’ Malouine. À l’automne, une heureuse nouvelle précède une déconvenue : le projet qui lie Ian Lipinski au Crédit Mutuel est reconduit pour quatre ans, avec la construction d’un nouveau bateau ; le revers de la médaille se dévoile lors de la Route du Rhum Destination Guadeloupe. Bien que faisant face à une concurrence raffermie par la mise à l’eau de monocoques de 40-pieds aux allures de scow – le dessin architectural qu’il a introduit dans la classe avec David Raison en 2019 –, le Class40 Crédit Mutuel et son skipper se présentent parmi les favoris de cette édition… mais les faits de course se succèdent. Au 5e jour de course, une avarie de gréement le prive de vitesse et le contraint à monter au mât et à effectuer diverses réparations. Trois jours après cet épisode et alors qu’il se mêle à nouveau à la lutte pour le podium, le Class40 Crédit Mutuel percute un objet flottant non identifié. Le voile de quille déformé, l’hydrodynamisme du bateau est compromis, tout autant que les espérances de victoire : il terminera 13e sur 55 partants.

Apologie de la résilience

Au printemps 2023, la Class40 embrassant l’idée de rapatrier par la mer les bateaux après des courses transatlantiques, Ian Lipinski, Antoine Carpentier, son nouveau co-skipper, et Rémi Fermin, membre de l’équipe Crédit Mutuel, disputent et remportent le 2e Défi Atlantique Class40. En juin, le duo Lipinski-Carpentier termine 2e de la CIC Normandy Channel Race. Pour le skipper lorientais, cette course lui offre sa quatrième victoire de sa carrière en monocoque de 40-pieds, son 10e podium… bientôt suivi de deux autres, sur la CIC Normandy Channel Race en juin, sur les régates de la 40 Malouine Lamotte en septembre.

L’apocalypse, ou presque, était promis aux 79 concurrents de l’édition des 30 ans de la Transat Jacques Vabre Normandy Le Havre. C’est tout l’enfer de Dante qui devait s’abattre sur la large flotte, tant et si bien que l’organisation dut inventer cette roue carrée qui devait permettre de ne pas créer d’écarts incommensurables entre les arrivées des différentes classes, des Ultim 32/23, les voiliers océaniques les plus rapides de l’histoire, et les Class40, plus vivaces que jamais, mais bien évidemment pas en mesure de rivaliser. Avec Antoine Carpentier à ses côtés, Ian Lipinski prit donc le départ le dimanche 29 octobre, direction non pas Pointe-à-Pitre, mais Lorient, pour ce qu’il convenait d’appeler une première étape. Une fois la tempête passée, les Class40 pourraient alors traverser l’Atlantique dans des conditions acceptables.

Difficile de dire si ce fut une mauvaise nouvelle ou pas pour le Class40 Crédit Mutuel. Dès les premières heures de course, dans le vent mauvais, le bateau démâte, fait rare. La perspective de l’escale d’une durée indéterminée offre l’opportunité de changer de mât une fois le Class40 rapatrié à Lorient, la base de l’équipe Crédit Mutuel. Les concurrents devront finalement attendre six jours au port pour qu’une fenêtre météo s’ouvre à eux. Lorsqu’ils repartent, Ian et Antoine comptent une trentaine d’heures de retard sur les leaders. Il s’en faudra d’un rien que, à force d’abnégation, d’engagement et de flair, les deux compères ne réussissent l’exploit de remporter la 2e étape à leur arrivée à Pointe-à-Pitre, où ils ne seront devancés que par Ambrogio Beccaria et Nicolas Andrieu. 43e au départ de Lorient, le duo terminera 19e de cette édition, au panache.

La passation

Trois rendez-vous jalonnent l’année 2024, dont deux Transatlantiques. En avril, entre Lorient et New York, se court The Transat CIC. Au terme d’une lutte acharnée, Ian Lipinski s’empare de la 2e place, rendue magnifique par son scénario et le niveau de performance que le skipper a dû déployer pour contrecarrer l’avance technologique des bateaux neufs. En juin, se courait la Québec Saint-Malo, classique du calendrier qui impose aux marins de passer dans le nord de l’Atlantique Nord dans le sens de ses systèmes météorologiques… en principe. Désarçonnés par une météo à l’encontre des schémas attendus, pris sous le joug des vents faibles, empêtrés dans une option stratégique inefficace faute de vent, Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Benoît Hantzperg termineront 11e de cette 10e édition.

Pour Ie projet Crédit Mutuel, une page se tourne : le Class40 n°158 abandonne ses belles couleurs rouge et blanc et voit son skipper quitter son pont. En quatre ans, ce bateau de légende de la Class40 aura signé 12 podiums en 17 courses. Bluffant.

Le prochain épisode ? La CIC Normandy Channel Race, avec le Class40 Crédit Mutuel n° 202, œuvre de David Raison et de l’équipe Crédit Mutuel.

Plus puissant, plus moderne, il permettra au marin de disposer de nouveaux atouts face à une concurrence de très haute volée. Cette nouvelle histoire débutera le 13 septembre prochain à Caen-Ouistreham. Une page est tournée.