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Ian Lipinski dans le bon train

Parti jeudi matin dans un vent léger, Ian est progressivement monté en cadence sur ce début de tentative. A bord de son Class40 Crédit Mutuel, il a aussi profité de conditions météo à rendre jaloux un terrien. « Il a fait beau, il y avait ce qu’il fallait d’air, le bateau glissait bien, c’était super sympa ! ». Joint au téléphone hier soir, Ian s’apprêtait à passer une nuit de vigilance, bien aidé par l’imminence de la pleine lune. « En général, dit Ian, je regarde le calendrier lunaire pour estimer la visibilité en pleine nuit. Je suis gâté : il fait beau et j’y vois bien, ça va m’aider pour la veille ». En Manche, entre les cargos, les pêcheurs, les dispositifs de séparation du trafic qui régulent avec justesse et sévérité le croisement des bateaux, il y avait de quoi garder un œil sur le plan d’eau et un autre sur la cartographie.


Depuis la terre, Christian Dumard a guidé les pas du skipper Crédit Mutuel cette nuit. Le routeur de Great Circle a eu de quoi faire entre les dispositifs de séparation du trafic, les champs d’éolienne et les bancs de sable qui bougent avec la marée. Et puis le météorologue a pu aussi nourrir le lien du skipper avec le continent. Ian : « C’est bon de retrouver la navigation en solitaire, mais c’est surtout l’effort physique qui est celui d’un soliste. Je suis très connecté avec Christian, la solitude psychologique n’est pas vraiment là, contrairement à ce que j’ai pu vivre en Mini. C’est intéressant, ce travail d’équipe ».

 Le point sur la trajectoire


A 6 heures 20 ce vendredi matin, après 24 heures de route, Ian Lipinski affichait des données intéressantes qu’il convient de lire de deux manières. La première tient aux données proposées sur la base de l’orthodromie, la route théorique la plus courte entre deux points. Les calculs donnent alors des chiffres théoriques qui permettent de valider l’évolution du bateau face à l’objectif à atteindre. La seconde tient à la réalité de la mer.

En théorie, le solitaire s’est rapproché de 210 milles du but, situé à 1568 milles après 24 heures de course, à une moyenne théorique de 8,8 nœuds. Il comptait 55 milles d’avance sur le record de Phil Sharp. Dans la réalité, Ian et son Class40 ont navigué 280 milles, avec un certain nombre de bords à tirer entre l’Angleterre et la France, tout ça à une moyenne réelle de 11,8 noeuds. A 6 heures ce matin, le duo homme-bateau était à hauteur de la baie de Somme après un joli retroussage de Manche en escalier.

La matinée sera active : Ian va devoir reprendre de l’est et franchir une zone complexe : l’embouchure de la Tamise, où le trafic est particulièrement dense : on y trouve même des ronds-points maritimes (sans sculpture au milieu).

Côté météo, les évolutions semblaient aller dans le sens d’une chasse au record. La dépression qui passera sur les îles Shetlands en même temps que Ian semble plus praticable qu’annoncé. Il n’y a plus qu’à espérer que la réalité du terrain, d’ici quelques jours, lui soit favorable : ce sera peut-être, là, l’occasion de creuser son avance sur ce record qui lui tient à cœur.

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