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Ian Lipinski « Il y a longtemps que je n’avais pas vécu ça »

Des coups tactiques, un engagement total, un tout petit temps, puis une remontée de la Manche en mode combat… Avec Julien Pulvé, Ian Lipinski a tout donné pour offrir la victoire à son Class40 Crédit Mutuel. Mais parfois, ça ne suffit pas…

Ian, quel est ton sentiment au lendemain de ta deuxième place ?
Ian Lipinski :
« Ce fut une superbe course, une très belle aventure, mais très éprouvante. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vécu un tel engagement total, sans répit. La première partie, en mode régate, avec beaucoup de choix tactiques à faire, des changements de voile en permanence, a été très intense. Avec Julien, nous nous sommes heureusement imposé de dormir un minimum. On est vite entré dans le mode « petites siestes » ce qui, rétrospectivement, a été important sur la fin de la Normandy Channel Race. On a fait quelques mauvais choix sur la route, compensés par des « coups », ce qui nous a permis de rester aux avant-postes. Nous avons été les seuls à nous battre pour la tête de course d’un bout à l’autre, c’est positif. 

Vous avez fait, avec Julien, de jolis coups tactiques, notamment cet enchaînement de manœuvres, à l’aller, autour de Land’s End, et en allant chercher les côtes du Pays de Galles au retour.
I. L. :
Les grandes manœuvres, le long de la côte anglaise, ce fut sublime. Nous avons multiplié les virements et les empannages, mais c’était dans le petit temps. Les renvois de voiles qui nous ont coûté en énergie, c’était surtout en début de course, dans la pétole, pour éviter les poches sans vent.
Le coup, à Tuskar Rock, aurait pu être très payant, je pense qu’on a eu raison de le tenter. Avec un peu plus de vent, on serait sorti bien devant les autres, mais on n’a pas eu cette chance. Globalement, on n’a pas été vraiment récompensé. Plusieurs fois, alors que nous étions en tête, les conditions ont tourné en faveur de ceux qui étaient derrière.

Le retour vers Ouistreham a paru vraiment costaud.
I. L. :
Déjà, on n’a pas été bon sur une option, au cap Lizard, quand on est allé jouer le long de la côte. Avec le recul, c’était même un peu bête. On s’est retrouvé en deuxième position (derrière Banque du Léman, le vainqueur de la Normandy Channel Race, ndlr), on tente à nouveau un dernier coup au raz Blanchard, mais on a eu moins de courant favorable que les leaders, et on n’est pas parvenu à remonter.
Pendant toute la remontée de la Manche, on s’est dit que ça pourrait le faire, mais la mer a été tellement mauvaise ! On s’est tellement fait brasser que ça m’a rappelé les mauvais moments en Mini, alors qu’on a un Class40, qui est bien plus gros. En remontant, le vent, la tête de mât (la girouette, etc) a cassé, si bien qu’on y est allé un peu à l’aveugle. Mais surtout, on a eu jusqu’à 35-40 nœuds, avec un énorme coefficient de marée (115) qui a fait que, quand la mer remontait, c’était un carnage dans le bateau. Là, je suis à l’intérieur, face au moteur, qui ne tient plus que par une seule de ses quatre fixations métalliques.

Quel bilan tires-tu au final de cette deuxième place et, plus généralement, de cette saison ?
I. L. :
Eh bien, c’est la première fois que je perds depuis 2015, après environ une vingtaine de course. On ne peut pas gagner tout le temps, n’est-ce pas ? Et si la victoire nous a échappé, on termine 2e à 6 minutes du vainqueur, je crois qu’on n’a pas à rougir.

Quelle est la suite du programme ?
I. L. :
Nous allons présenter le bateau à La Rochelle début octobre, puis il partira pour un long chantier. On le voit : les nouveaux arrivants ont sorti des bateaux très performants. Il y a du travail pour qu’on maintienne le Class40 Crédit Mutuel au niveau de cette dernière génération. Il faut qu’on aille chercher de la vitesse ! »

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