Il y a ceux qui voient leur bateau comme un outil doté d’une fonction et qui ne l’abordent que comme un condensé de technologie et de performance. Il y a ceux qui, sans doute parce qu’ils y ont vécu des temps de vie ou de compétition marquants, parce qu’ils lui ont donné naissance, nouent une relation très intime avec leur bateau.
À l’arrivée à Saint-Malo ce lundi après-midi/début de soirée, nous saurons mieux à quelle famille appartient Ian Lipinski qui, ce matin, tire ses derniers bords avec son Class40 Crédit Mutuel, numéro 158. Dimanche, le skipper s’est peu épanché, ce n’était pas l’heure : « Ce sont mes derniers bords à plus de dix nœuds en course à bord du Class40 Crédit Mutuel, ça avance un peu. C’est quelque chose, une page se tourne ».
C’est que la compétition battait, et bat encore son plein sur la Transat Québec Saint-Malo. À petite vitesse, les 18 Class40 encore en course progressaient vers la Bretagne, hier. Ils la remontent ce matin. Concurrents pour le podium se tenant dans moins de dix milles, Achille Nebout, Fabien Delahaye, Pierre-Louis Attwell, Amélie Grassi et Guillaume Pirouelle ne sont plus qu’à 70 milles de l’arrivée.
Pour Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Benoît Hantzperg, l’heure était passée, sauf retournement de situation invraisemblable : « On est loin d’être idéalement placés, c’est comme ça. On s’est battu dans tous les sens, on a tenté des choses pour essayer de revenir, ça n’a pas vraiment payé. On n’a pas réussi à forcer le destin. Il reste la remontée de la Bretagne avec des vents assez faibles, on ne sait jamais… »
Cet après-midi, Ordago – le nom de baptême du Class40 Crédit Mutuel – passera les écluses de la cité corsaire. C’en sera fini de ses aventures en rouge et blanc avec Ian pour skipper. Ce tandem aura gagné quatre fois et aura escaladé onze podiums de plus en 15 courses. C’est une bien belle page qui se tourne.