Hier dimanche, dans un mémo vocal adressé à son équipe, Ian Lipinski racontait son dilemme. Entre la route ouest possiblement gagnante, au prix de la traversée d’un nouveau front dépressionnaire a priori aussi rude que celui qui a secoué la flotte samedi et provoqué trois démâtages, et la route sud classique où le vent est plus faible, ce n’était pas simple de choisir.
Cette nuit, le bateau lui a imposé la voie à suivre. Un problème d’amure (le bout fixé en bas de voile par lequel on peut faire basculer la voile de bâbord en tribord) l’a contraint à affaler le J2 (la petite voile d’avant qui permet de remonter le vent de manière efficace). Puis, au moment de remonter son J2, la drisse (le bout qui fait dresser la voile) s’est bloquée de manière irréversible compte tenu des conditions de navigation soutenues. Ian n’a alors pas eu d’autre choix que de changer de cap et de faire route vers le sud, où les conditions, plus clémentes, lui permettront de réparer.
Mathématiquement, le Class40 Crédit Mutuel perd du terrain. Voici Ian 12e, à 50 milles de la tête ; avant ces soucis techniques, il était à 20 milles du groupe de tête. Quelles seront les conséquences sur le classement, à terme ? Elles ne sont pas évidentes : la voie qu’emprunte le groupe de tête garde une part d’aléa. Ce groupe va sans doute passer par le nord des Açores ; Ian se glissera peut-être entre les îles, ou bien il retournera au combat. Pour l’heure, la priorité est de récupérer l’usage de son J2. Sitôt sa voile de nouveau opérationnelle, le skipper reprendra ses habitudes : faire au mieux. Au plus vite.