Depuis plus d’une journée, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont posé leur fond de coque sur le grand toboggan de l’Atlantique, et ils glissent, glissent, glissent. Le spi bien gonflé par un vent de nord-est qui s’étoffe à mesure que le bateau descend vers le sud (les fichiers annoncent un peu plus de 16 nœuds au meilleur), les deux marins du Class40 Crédit Mutuel ont progressé à la vitesse de 11,80 nœuds au cours des 24 dernières heures.
La trajectoire qu’ils dessinent actuellement ne les rapproche pas vraiment du but. L’objectif du moment est d’aller chercher le meilleur des alizés et le meilleur des angles pour infléchir la trajectoire et traverser l’Atlantique.
Bien qu’ils soient embarqués dans les alizés, la descente demande beaucoup de travail, de la tête comme des bras. Au prix de trois recalages et d’une multitude de petits ajustements, Ian et Antoine ont cherché la vitesse maximale et optimisé leur trajectoire afin de traverser l’archipel des Canaries à leur convenance. Les deux ont choisi d’aller dans l’est de l’archipel et de passer entre Fuerteventura et Gran Canaria. Il y a deux raisons à cela : les alizés y semblent plus fournis, d’une part, et les dévents provoqués par les reliefs semblent plus faciles à éviter.
Ce dimanche matin, le Class40 Crédit Mutuel pointe en 11e position, à 84 milles des leaders, Achille Nebout et Gildas Mahé, situés 95 milles plus à l’ouest, et légèrement dans leur nord. Ce duo est le seul à tenter le coup à l’ouest de l’île de Tenerife, où se situe le point culminant des Canaries et de toute l’Espagne, le Teide (3715 mètres). Il en résulte des dévents plus larges et plus longs. Cela ne signifie pas que les leaders n’ont pas raison, mais cela conforte dans l’idée que Ian et Antoine ont opté pour l’efficacité, comme d’autres cadors de la Classs40.
De nouveaux sujets stratégiques sont déjà ouverts : jusqu’où descendre vers le Cap-Vert, situé 800 milles au sud ? Par où passer ? Antoine, tu te rappelles où tu as rangé la crème solaire ?
