Une semaine après le démâtage qui a rompu la belle mécanique du duo Ian Lipinski – Antoine Carpentier, six jours après l’arrivée de la flotte à Lorient pour cette étape inédite, la Transat Jacques Vabre reprend son élan ce lundi pour les Ocean Fifty et la Class40. Passés devant la tempête Ciaran, les Ultimes caracolent dans les eaux chaudes ; demain, les Imoca partiront du Havre où ils ont été confinés, le temps que le train de dépressions qui barrait la route de la majorité des 95 bateaux engagés dans cette 16e édition daigne s’éloigner.
Une Transat Jacques Vabre coupée en deux pour deux classes, ce n’est pas banal. Cette première dans l’histoire de la course a offert au Class40 Crédit Mutuel une chance inattendue de se relever tout de suite d’un fait de course qui, généralement, renvoie les skippers à la maison.
À Cherbourg lundi dernier, le bateau a été pris en charge puis rapatrié par la route en un temps record grâce à la solidarité des gens de mer. L’équipe a mis en place le mât originel, déplié une grand-voile et une trinquette éprouvée, puis a équipé le gréement des éléments de navigation nécessaires, et procédé à des réglages pour accorder au mieux l’instrument à vent. À voir la mine joviale de l’équipe qui, ce dimanche, est sortie en mer pour valider les réglages, on devine la densité de la semaine écoulée, et le bonheur d’un retour en mer.
Pour les 40 Class40 encore en lice, le départ a été donné au large de Lorient, dans les coureaux de Groix à 10h45, un quart d’heure après les trimarans de la classe Ocean Fifty. Afin de minimiser l’écart avec les maxi-trimarans, autorisés dimanche dernier à faire route vers Fort-de-France parce qu’ils étaient les seuls capables de passer devant l’énorme tempête qui nous a tous secoués mercredi et jeudi, la route a été écourtée. Les Class40 auront 4050 milles à courir. Seule marque de parcours, l’île de Porto Santo (archipel de Madère) à laisser à tribord.
Ian et Antoine partent avec un déficit de temps d’une trentaine d’heures sur les leaders : au temps du dernier ont été ajoutés six heures de pénalité. Un mal pour un bien : les revoilà en course après avoir démâté. Une aubaine que les deux marins du Class40 Crédit Mutuel vont saisir à pleines mains. D’une même voix, les deux équipiers partagent leur enthousiasme : « On a la chance qu’il y ait eu une étape à Lorient et qu’on puisse repartir, ce qui va nous permettre de faire la régate. On est content et on va pouvoir se battre avec les armes que nous avons à disposition ! »