Ce dimanche 7 novembre, à 13h27, Ian Lipinski et Julien Pulvé ont franchi la ligne de départ de la 15e Transat Jacques Vabre, direction la Martinique, qu’ils devraient rallier d’ici deux grosses semaines. Au franchissement de la marque de parcours devant les falaises d’Etretat, le tenant du titre et son co-skipper occupaient la 4e place.
Tous ceux qui ont assisté au départ de cette 15e Transat Jacques Vabre sur l’eau, le long des falaises ou confortablement installés sur leur canapé ont eu bien de la chance. Dans 20 nœuds de vent de nord-ouest qui offrait un angle parfait pour la vitesse le long des côtes normandes, et malgré un clapot de près de deux mètres, les 79 duos se sont régalés et ont offert un spectacle formidable. Rapidement calés en 4e position, Ian Lipinski et Julien Pulvé ont bien profité de ces conditions sportives pour entrer dans le bain. Dans les heures qui viennent, le vent va s’étioler et un nouveau jeu se mettra en place.
Comment alors estimer la difficulté de ces premières heures de navigation ? Avec le recul qui le caractérise, le placide Julien Pulvé s’amuse de la question : « Soit il y a trop de vent, soit il y en a trop peu : pour nous, ce n’est jamais simple ! En réalité, le sujet qu’on a décidé de mettre sur le haut de la pile, pour ces premières heures, c’est le courant. Nous allons avancer ce soir (dimanche) dans un vent contraire, faiblissant, avec un haut coefficient de marée (104). Il va falloir lutter ». Or parfois, lutter, c’est s’échapper. Chercher les éléments qui protègent des courants, les cailloux, donc. Et aller dans les cailloux, le long de la côte, « une prise de risques qu’il faut savoir bien gérer », prolonge le co-skipper.
Si le plan se déroule sans accroc, Ian Lipinski et Julien Pulvé navigueront dans quelques heures le long de la côte de Barfleur, première pointe à passer sur ce parcours de 4600 miles. Pour les Class40 Crédit Mutuel, le démanchage (la sortie de Manche) s’effectuera sans doute dans la nuit de lundi à mardi.
Ce qui est certain, c’est que le tandem a de l’énergie à revendre, et que Ian Lipinski va défendre bec et ongles son titre, conquis il y a deux ans. Le contexte a changé, de nombreux bateaux neufs étant à leur tour venus étoffer la flotte, mais Ian Lipinski ne se sent pas en dette : « On a un bon bateau, dont les capacités aident à la performance. Même si je n’ai pas gagné cette année, j’ai globalement fait de belles courses, avec de bons choix, et des résultats dont la portée est variable. Sur la CIC Normandy Channel Race, nous terminons 4e avec quelques petites erreurs et vraiment pas de réussite alors que nous étions en mesure de gagner ; sur Les Sables-Les Açores, je fais une erreur au départ qui nous disqualifie de la course à la victoire, et nous réalisons malgré tout un meilleur résultat (3e). On a des raisons de prétendre à la victoire, mais c’est de plus en plus difficile de performer parce qu’il y a de plus en plus d’excellents bateaux ».