Il faut respecter Neptune et Éole et les honorer à chaque fois que l’occasion se présente : de temps en temps, ces autorités savent en retour se montrer magnanimes. Hier matin, mi-figue mi-raisin, Ian Lipinski se disait qu’un petit coup de pouce du destin serait fort utile, et qu’un deuxième pourrait ne pas être superflu au moment du dénouement. Le plan élaboré par les deux navigateurs du Class40 Crédit Mutuel risquait alors d’être contrecarré par les évolutions de la météo et, surtout, par la réalité du terrain.
Sur la route du Nord, qu’ils suivent depuis plusieurs jours, Ian et Antoine misaient sur la naissance d’un vent nouveau susceptible de les pousser vers le Sud et la Martinique. Une option fine, pertinente, mais qui se joue sur le fil. C’est là que le coup de pouce est arrivé. Au moment-même où le duo pouvait craindre de se retrouver dans une zone de grand méchant mou, du vent est entré. Suffisamment pour que le Class40 Crédit Mutuel soit en mesure de poursuivre sa route, et c’était déjà très bien.
Cette nuit, c’était au tour d’Antoine Carpentier de raconter la situation : « On attend du vent. On avance, c’est déjà ça. Quand on voit Xavier (Macaire, et Pierre Leboucher) à 3 nœuds, ça ne donne pas envie, mais il est toujours devant. Les Sudistes sont ralentis aussi, ils sont à 8 nœuds, comme nous. On est plus proche de la route qu’eux, on a un meilleur CMG*. On n’est pas mal. Ça se jouera dans l’arc antillais : le vent sera là, ou pas ? Ce n’est pas gagné ».
Mais c’est très loin d’être perdu ! Deuxième, à 43 milles du leader, avec un différentiel de vitesse notable, le Class40 Crédit Mutuel est à 270 milles de l’arrivée, et il peut raisonnablement nourrir l’espérance de ne pas être mangé d’ici la Martinique par le grand méchant mou.
* Le CMG, c’est l’angle de route associé à la VMC, qui est la vitesse de progression vers la cible, par projection du vecteur vitesse fond (la vitesse effective) sur la route théorique.