Jour 6 – Toute de vert vêtue depuis le début de sa tentative
contre le record du tour des îles Britanniques, signe d’une avance sur les
temps de passage, la trajectoire de Ian Lipinski s’est teintée de rouge, cette
nuit, marquant son déficit. La montée, ce week-end, sur la face est de l’Ecosse
avait déjà tapé dans les réserves du skipper du Class40 Crédit Mutuel, mais ça,
c’était prévu.
Ce qui l’était moins, c’est la petite bascule d’angle du vent de la côte ouest
de l’Ecosse, le long de laquelle Ian devait surfer hier lundi, une fois passé
les Shetlands. Cela ne se joue à pas grand-chose, juste quelques degrés qui
font qu’un bateau avance au portant, c’est-à-dire vent de travers, l’allure
préférentielle des bateaux de course, ou au près, c’est-à-dire de face, avec ce
qu’il faut de temps pour jauger sa peine et nourrir le regard noir…
Les routages de Christian Dumard lui donnent encore des chances d’effacer le
record de Phil Sharp mais, quand l’heure viendra, il faudra que le skipper
enchaîne manœuvre après manœuvre pour exploiter chaque moment de grâce, chaque
souffle de vent.
Depuis hier soir, le vent a molli. Ian glisse sur un rythme processionnaire le
long des Hébrides, cet archipel torturé et sublime, colonne vertébrale qui
donne à croire que l’Ecosse tourne le dos au Groenland. La bonne nouvelle dans
tout ça, c’est que le skipper solitaire a dormi et qu’il va attaquer ses
derniers jours de mer avec de l’énergie !
Mardi 7 juillet, 6h30
– Avance : -38,8 milles
– Distance au but : 577,1 milles
– Distance théorique parcourue : 1168,4 milles
– Vitesse moyenne théorique : 9,7 nœuds
– Distance réelle parcourue : 1304,4 milles
– Vitesse moyenne réelle : 10,9 nœuds