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Le grand virage

En ce dimanche matin, Ian Lipinski et Ambrogio Beccaria sont sur le point de tourner une page dans cette 8e édition de la course Les Sables-Horta-Les Sables : ils sont les troisièmes à entrer dans les eaux des Açores, à quelques dizaines de milles de la bouée (virtuelle) à enrouler devant Horta, avant de mettre le cap sur la maison ! 

Le vent n’a pas été bien nerveux, hier. Il a même été un poil paresseux en ce début de week-end, ce qui n’a pas favorisé la vitesse des trois leaders de cette Les Sables-Horta-Les Sables. Mais ce flux d’ouest a bien fait les choses : Ian et Ambrogion’ont pas manœuvré depuis 16h30, hier, et c’est sur un bord, comme l’imaginait Ian, que le Class40 Crédit Mutuel a effectué sa route ces dernières heures. « On a essayé de virer plus tôt (samedi) que les deux échappés pour faire moins de route, raconte Ian. On bénéficie moins de la rotation du vent qu’eux, mais comme on n’a pas grand-chose à perdre et peu d’occasions de faire différent… »

Ce grand bord a soulagé le bateau, malmené par la mer sur les contrebords vers l’ouest. Ian : « Ça a tapé drôlement quand on s’est mis en tribord. On a arraché les mousquetons du haut du génois (ou gennaker, une grande voile couvrante, ndlr). On a dû aller bricoler sur la plage avant un système pour pouvoir l’envoyer à nouveau. C’était chaud d’aller à l’avant ! » Dans les soubresauts du bateau, le dessalinisateur aura également cherché à se faire la belle, mais il a été dompté. « Cette bestiole pèse lourd et peut faire des dégâts si elle se promène à sa guise, d’autant qu’on compte sur elle pour boire et manger ! »

Au classement de ce matin, le Class40 Crédit Mutuel semble avoir grignoté quelques milles. Le compteur affiche 45 milles de retard sur le duo de tête, mais il faudra attendre de voir les trois bateaux dans des conditions similaires pour tirer un vrai bilan : Project Rescue Ocean et Redman étaient en train de négocier l’arrivée devant Horta, situé dans l’est de l’île de Faial, et dont les hauteurs créent des perturbations sur le vent d’ouest.


Négocier les dévents de l’île 

A son tour, le Class40 Crédit Mutuel est en passe d’arriver devant la marina de Horta, la capitale de l’île de Faial. Ian et Ambrogio vont devoir composer avec les dévents de l’île et tenter de renifler les zones où se manifeste l’effet venturi, phénomène physique d’un fluide (en l’espèce l’air) qui, après avoir été contrarié par un obstacle, accélère de manière à conserver le même débit. Sur 8 milles environ, Ian et Ambrogio vont devoir guetter la surface de l’eau pour éviter les zones de molle et éventuellement trouver de petits phénomènes de vents plus rapides. Ce n’est pas si mal, donc, d’arriver à Horta de jour… 

Pendant une semaine de mer, la complicité entre Ian et Ambrogio n’a cessé d’augmenter. « Il est top, commente IanBogi est toujours au taquet, toujours constructif. On passe beaucoup de temps à la table à carte pour analyser la météo et tenter de construire notre route. On apprend l’un de l’autre et c’est bien le but ! On rigole aussi beaucoup, on échange des anecdotes… et on aime bien raconter nos rêves. En mer, on fait toujours de sacrés rêves, et on se marre ! ».