Aux premières heures de ce mardi matin, la tête de la flotte a enroulé la bouée de Tuksar Rock, la première des deux marques de parcours situées le long des côtes irlandaises. Ce sera d’ailleurs la seule : les duos n’iront pas jusqu’au Fastnet. Ainsi en a décidé la direction de course, soucieuse de ne pas envoyer les équipages en course se confronter aux redoutables conditions de navigation qui se lèvent dans le sud-ouest de l’Irlande. Une large zone dépressionnaire sévit au cœur de l’Atlantique, gonflée de vents « rafaleux » pouvant atteindre 70 nœuds selon les fichiers, et générant sur les confins de l’Europe une dépression secondaire « à la trajectoire aléatoire et potentiellement dangereuse », explique l’organisation, par les voix de David Lanier, météorologue référent, et Christophe Gaumont, le directeur de course. Il faut dire que le phare du Fastnet pourrait être balayé par des rafales de 40 nœuds et rincé par des vagues de 6 mètres. La prudence s’imposait.
Ce contexte animé a bien vitaminé la tête de la course, qui a enroulé Tuksar Rock en toute fin de nuit. Après une remontée express le long des côtes d’Angleterre conclue par le franchissement de Wolf Rock et une traversée à peine moins tonique de la mer Celtique, Corentin Douguet et Yoann Richomme mènent le bal. Ils ne sont pas seuls à flirter avec la victoire : quatre bateaux leur collent au train à moins de 5 milles de distance, dont Ian Lipinksi et Ambrogio Beccaria, à 3,9 milles. Quatrième à l’heure d’écrire ces lignes, le Class40 Crédit Mutuel garde le contact, à l’affût. La descente directe vers la Grande Basse de Portsall, en entrée de Manche, se fera au près, serré ou débridé, et le mors aux dents. Ça va secouer, avec ce vent de sud (puis sud – sud-ouest) gonflé comme il faut (jusqu’à 30 nœuds établis), et une houle qui vient dans le même sens. Ce sera un combat que de redescendre en Manche. Ce n’est pas fait pour déplaire à Ian et Ambrogio.