Il ne fallait pas s’attendre à ce que Ian Lipinski et Antoine Carpentier se satisfassent de la position qui était la leur hier matin sur la 15e CIC Normandy Channel Race. Relégué à environ 30 milles de la tête de la course, le duo du Class40 Crédit Mutuel s’est agité, comme il sait le faire, pour gommer une partie de ce déficit, et il y est parvenu, réduisant de moitié cet écart aux duos qui mènent le bal, Fabien Delahaye/Benjamin Schwartz (Legallais), Xavier Macaire/Carlos Manera (Groupe Snef) et Guillaume Pirouelle/Cédric Château (Sogestran-Seafrigo), qui s’échangent contre leur gré la première place depuis le départ.
Ce mardi, en milieu de matinée, le Class40 Crédit Mutuel paraît Wolf Rock et quittait les eaux de la Manche pour entamer une traversée de la mer d’Irlande du nord au sud, dans un vent d’est, puis nord-est, qui a offert des conditions propices à des moyennes honorables malgré les oscillations du vent. À près de 14 nœuds par moments, le nouveau-né a montré une partie de son potentiel quand le vent vient de travers, jusqu’à Tuskar Rock, ensemble rocheux légendaire qui a la réputation d’être le lieu de navigation le plus dangereux de toute l’Irlande – 176 épaves y sont recensées.
Une fois le rocher et son phare contournés, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont choisi de ne pas faire comme tout le monde – faut-il s’en étonner ? Tandis que la tête de la flotte s’échinait à remonter au plus près des côtes de l’Irlande, à grands coups de manœuvres, les deux marins embrassaient l’option du large, pour aller chercher des vents plus soutenus et négocier un angle au vent différent pour la deuxième partie du tronçon qui rallie Tuskar Rock au rocher du Fastnet, prochaine marque du parcours. À 8 heures ce mercredi matin, à 35 milles dans l’est de la tête de la course, le Class40 Crédit Mutuel a concédé à nouveau du terrain et se positionne à 25 milles des leaders. Quelle sera sa position dans quelques heures, quand il aura avalé les 85 milles qui le séparent du plus mythique phare de l’histoire de la course au large ? Le coup aura-t-il été suffisamment payant pour que Ian et Antoine soient en mesure de jouer des coups sur le chemin du retour en Normandie ? L’heure de vérité approche.