Depuis les premières heures de ce samedi, le Class40 Crédit Mutuel s’éloigne des terres des Amériques, après avoir dépassé la côte est de Terre-Neuve-et-Labrador. Situé dans le nord de la flotte, dans le sillage de Alla Grande Pirelli, leader depuis les premières heures de course, Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Benoît Hantzperg maîtrisent leur déficit, le maintenant à moins de dix milles tandis que le vent d’ouest s’est levé.
À bord, ils sont donc trois, et s’il n’est plus nécessaire de présenter le skipper ou Antoine Carpentier, il est en revanche grand temps de raconter la trajectoire de Benoît Hantzperg. « Ian, racontait-il, je l’ai rencontré en Mini, en 2015, année de sa première victoire sur la Mini-Transat. Durant toute la saison, on avait partagé les mêmes ambitions ; sur la Mini, j’avais eu pas mal de casse sur le bateau. On a continué à se côtoyer à Lorient. En tant qu’équipier, j’ai découvert le Class40 la même année que lui. Concurrents, on s’entendait très bien, et plusieurs fois, je lui ai lancé la balle pour naviguer avec lui. Il l’a saisie ».
« Benoît, dit Ian Lipinski, est maître-voilier depuis vingt ans. On a été concurrents, on s’est tiré la bourre, mais surtout on est copains. Il a déjà navigué à bord du Class40 Crédit Mutuel lors des régates inshore de la 40’ Malouine. Il connaît bien le bateau avoir couru au large sur son sistership ». Benoît confirme : « J’ai couru la Transat Jacques Vabre 2021 avec Jonas Gerckens sur un bateau identique à celui de Ian, et on avait fait 4e. J’ai aussi couru l’édition 2023 avec Andre Fornano, et quand j’ai appris que Ian allait courir la Québec Saint-Malo, je suis allé le voir pour lui dire ‘T’as pas le choix, emmène-moi !’ Mon parcours est celui d’un Brestois : j’ai fait de la voile légère en compétition, qui m’a mené aux séries olympiques, j’ai fait de la course côtière et passé mon adolescence en voile habitable. Quand j’explique mon métier aujourd’hui, je dis que je suis consultant en vitesse, un peu comme Antoine. J’aime régler un bateau, comprendre ses secrets. Sur le pont, en bon ancien hyperactif, je n’arrête jamais ».
Benoît a sa réputation. Ses réputations. La première, acquise durant ses années Mini ? Il serait une tête brûlée de la voile. « Quand on le connaît mieux, relativise Ian, on comprend à quel point il est hyper expérimenté. Il a un sens de la navigation hyper développé, il analyse très bien le bateau sur lequel il est ». « Benoît est un bon régatier, souligne Antoine Carpentier, pour qui ce n’est pas un vain mot. Et, avec notre côté marin, on va laisser parler nos tempéraments de compétiteurs ». Tête brûlée ? Benoît assume : « Je sortais de l’olympisme, où réduire la voile, ça n’existe pas. En Mini, j’étais souvent le plus ‘toilé’ de la flotte. Dans cette classe comme en habitable, quand on est jeune, on navigue souvent surtoilé, mais en réalité, ça ne marche pas au large, parce que ça sollicite trop les bateaux. J’ai appris de mes erreurs et, comme Ian et Antoine, j’aime aller vite au portant avec les voiles du temps. J’aime quand ça envoie, quand ça file vite ».
La seconde crée le consensus : « J’aime me marrer, ajoutait-il avant le départ. Comme Ian, qui a un humour assez tranchant. Je suis monté sur un ressort, j’ai une grande gueule. La Québec Saint-Malo ? Ça va passer vite : on ne va pas arrêter de parler ». C’était, peut-être, sans prendre en compte la météo des premiers jours de course…