En ce jeudi matin, Ian Lipinski et Antoine Carpentier progressent en direction de la Manche. Les deux équipiers du Class40 Crédit Mutuel sont à une soixantaine de milles de Land’s End, la pointe sud-ouest de l’Angleterre avec, derrière eux, des conditions de navigations bien agréables, quoiqu’un peu plus musclées depuis qu’ils ont contourné le phare du Fastnet hier après-midi et, devant eux, un gros morceau de navigation engagée.
Si engagée que « La direction de course a choisi de ne plus faire des îles de Gernesey une marque de parcours, ce qui annonce une mauvaise Manche, avec une mer bien saccadée et du vent », résume Antoine Carpentier. En effet, dès l’entrée en Cotentin, les conditions de navigation vont virer au rouge, tendance colère des cieux. Beaucoup de mer, un vent d’est « velu », comme le disent les marins, qui fera régulièrement face au courant et lèvera encore la mer. Ajoutez-y des coefficients de marée élevés et vous trouverez tout ce qu’il faut pour briser du petit bois !
S’annoncent donc des heures pénibles de remontée au vent sur terrain accidenté. S’il faut bien en passer par là, ce n’est pas toujours de gaité de cœur. Pour Ian Lipinski et Antoine Carpentier, la préservation du Class40 Crédit Mutuel sera l’enjeu fondamental. Relégués à environ 35 milles des leaders Fabien Delahaye et Benjamin Schwartz après avoir perdu une dizaine de milles hier après-midi dans la traversée retour de la mer Celtique, les deux hommes vont ouvrir avec prudence une nouvelle phase de la découverte du Class40 202 : la navigation au près dans des conditions mauvaises. Une phase ardue qui va brasser les corps, certes, mais qui sera forcément riche de nouveaux enseignements. « C’est un peu dur pour nous de batailler si loin de la tête de flotte, résume Antoine Carpentier. La course n’est pas finie ! »
