
C’est fou comme les idées préconçues affluent lorsqu’on évoque la Méditerranée, son climat, ses langueurs : on se la coule douce, en version française, on mène la dolce vita en italien. Et c’est vrai qu’il y a le ciel, le soleil et la mer… mais il y a aussi le vent, ses humeurs contrariantes et les coups de frein. Partis dimanche de Marseille, Ian Lipinski et Alberto Bona n’ont pas chômé à bord du Class40 Crédit Mutuel. Leaders depuis que le vent s’est levé après quelques heures de course, les deux hommes font tout pour préserver leur maigre avantage (1,3 mille d’avance) sur leurs compagnons d’échappée, Mikaël Mergui et Keni Piperol, et sur le peloton de chasse piloté par Aurélien Ducroz et Jonathan Chodkiewiez, qui concèdent un peu plus de 11 milles aux leaders. Presqu’une broutille dans une course où alternent joyeusement les entrées d’air et les coups de mou.
Cette nuit, Ian Lipinski racontait les conditions de navigation : « Tout va bien ici, et je vis mes premières heures de courses en Méditerranée avec intérêt. On réalise un chouette début de course avec Alberto, dans des vents actuellement très variables, et ce depuis trois heures (message reçu à 01h00, ndlr). On le sait, c’est le jeu du coin : on avance, on prend de l’avance, puis on s’arrête, et tout le monde revient. Alors on s’applique pour, avant de s’arrêter, essayer de bien se positionner par rapport aux poursuivants et par rapport au vent que l’on imagine revenir ensuite, afin de tenter de repartir devant, même si les écarts fondent comme neige au soleil. Bref, la régate bat son plein. On vient de toucher un peu de vent de sud… peut-être le vent qui contourne le sud de la Corse ? On l’espère, mais rien n’est moins sûr ».
Plein les yeux
Depuis qu’ils ont viré, hier matin et en leaders, la première marque de parcours dans la baie de Calvi, les deux navigateurs du Class40 Crédit Mutuel glissent le long de la Corse… et s’émerveillent. C’est notamment le cas pour Ian Lipinski qui n’était jusqu’à présent jamais venu en Méditerranée : « L’arrivée à Calvi a été sublime, avec ces montagnes spectaculaires et encore enneigées. C’est vraiment très, très beau… et exotique aussi ».
Ce mardi matin, ils naviguent toujours le long des côtes corses. De nuit, par une lune de premier croissant, sans doute auront-ils vu bien peu des calanches de Piana et de la baie de Scandola ; c’est de jour qu’ils abordent actuellement la bouche de Bonifacio et les reliefs de la Sardaigne. Faute de vent, la direction de course a décidé d’opter pour le parcours alternatif. Une fois franchie la marque de parcours au nord, la flotte ne contournera pas l’île italienne par la côte Est, mais par l’Ouest. Voilà qui promet une belle route au large entre l’Italie et Majorque !