Encore quelques heures de glisse sous le soleil alizéen et Ian et Adrien entreront dans le Pot au Noir… Une chaleur moite, 200% d’humidité et 35° C ambiants, un ciel gris, une mer grise, des grains gris qui surgissent de nulle part, vous embarquent, ou pas, sous des trombes d’eau puis vous laissent planté là… jusqu’au prochain grain.
Au sein de ce piège météo, les marins doivent réussir à exploiter au mieux le moindre souffle pour s’échapper vers le sud. Mais ces masses d’air très chaud, et donc instables, fluctuent en permanence. Les fichiers météo doivent être réactualisés très régulièrement : il faut avoir du nez et de la réussite pour s’en sortir au mieux.
La flotte des IMOCA de cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, prise au cœur de cette ZIC (zone intertropicale de convergence, appellation météorologique du Pot au Noir) depuis 48h, est un cas d’école : le leader, qui s’était glissé sous ces masses orageuses avec 100 milles d’avance est aujourd’hui deuxième et menacé par des poursuivants qui réussissent à se glisser, qui à l’Est, qui à l’Ouest, au petit bonheur des intuitions des stratèges du bord.
Mais tous les scénarios sont possibles. Il n’est en effet pas rare non plus que le Pot au Noir se réduise à « pot » de chagrin et laisse les marins basculer vers l’hémisphère Sud presque sans encombre. Et, au regard des projections météo des jours à venir, il ne serait pas impossible que, d’ici 36 à 48h, un passage puisse s’ouvrir au cœur de ces nuages équatoriaux ?
Pour le moment, le duo du Class40 Crédit Mutuel, conforte toujours son leadership avec 80 milles d’avance sur ses plus proches poursuivants. A 6h ce matin Ian et Adrien tracent à presque 17 nœuds, contre 13 à 15 nœuds pour le top 7…
Ian, à la vacation course de ce jeudi matin :
» Ça se passe bien, la mer s’est calmée, c’est plus vivable qu’hier. On va tout droit vers le Pot au Noir, on voit des gros nuages arriver pour la fin de la matinée…
Là, on a 20 nœuds de vent, on est bâbord amure sous spi medium avec un ris dans la grand-voile, ça déroule toujours bien. La mer était grosse et un peu courte hier, c’était dur de vivre à bord, dur de se déplacer.
C’est plus facile de naviguer quand on est devant, on a plus de temps pour les manœuvres, on agit sans précipitation. On a le temps de prendre les bonnes décisions.
J’espère que l’on n’aura pas le même scénario que Charal (ex-leader des IMOCA, ndlr) ! C’est ma première dans le Pot au Noir, ça va être rigolo mais je n’aime pas les orages trop forts… Et là, ça a l’air bien gros… Notre objectif c’est de rentrer dedans et d’en sortir le plus vite possible ! On ne voit qu’un gros nuage de 500 milles à traverser, je ne vois pas trop de stratégie…
La fatigue se fait sentir, c’est obligé, mais ça pourrait être pire, les conditions sont quand même cool.
Hier, on a croisé des Mini, on a discuté avec eux, c’était sympa, on s’est remémoré des anecdotes de notre époque avec Adrien ! C’est mon ancien bateau en tête, ça ne m’étonne pas, c’est vraiment un bateau incroyable ! »