Toujours contraints par la présence de l’énorme anticyclone assoupi dans leur nord, Ian Lipinski et Julien Pulvé ont entamé au tout petit matin de ce mardi un bord vers le sud, comme la quasi-totalité de la tête de la flotte qui naviguait haut, d’ailleurs. Il y a aussi une dimension tactique à ce recalage, puisqu’une bascule du vent à droite est attendue. Celui qui saura le mieux se caler dans le bon angle y gagnera de précieux dixièmes de nœuds de vitesse. Julien Pulvé le confirme : « L’objectif est de suivre la bascule dans le bon sens, grappiller des milles sur les deux premiers qui ne lâchent rien, la bataille sera rude jusqu’au bout, il y a beaucoup de boulot ! C’est un moment crucial ! »
Au classement de 8h, Crédit Mutuel était 2e derrière Redman (Carpentier-Santurde del Arco). Mais à l’heure du croisement de flotte, on ne sait jamais trop quelles seront les positions de chacun une fois ce contre-bord abouti. Pour autant, le Class40 Crédit Mutuel navigue dans une position intéressante dans cette flotte qui s’est regroupée. « Rien n’est joué pour personne, résumait un poil gourmand Ian Lipinski cette nuit. On ne surveille personne en particulier… peut-être un peu plus ceux qui sont devant ».
Deux sujets occupent la flotte depuis quelques jours. L’air de rien, les marins sont en mer depuis 16 jours, et les estimations réalisées par Christian Dumard, le monsieur météo de la Transat Jacques Vabre (et les marins eux-mêmes) envisagent la première arrivée le 30 novembre. Puisque la logique de la chasse au poids veut qu’on calcule l’avitaillement au plus serré, certains se penchent déjà sur leur rationnement. On n’a pas plus d’infos sur l’appétit de Julien et Ian, mais manifestement, les deux ont compté large. Julien : « On est confortable en nourriture, en eau potable et en carburant, Crédit Mutuel est à 100% de son potentiel ».
L’autre sujet sur la table est celui des sargasses, ces algues qui tapissent de larges zones de l’océan et qui viennent s’enrouler autour de la quille et autour des safrans, et qui ralentissent le bateau puisqu’elles créent une résistance supplémentaire. A bord, chacun a sa technique pour les décrocher des appendices. On ne dévoilera rien, secret industriel oblige, mais Ian et Julien ne semblent pas mécontents de leur petite trouvaille…