En ce lundi matin, le Class40 Crédit Mutuel est bel et bien en tête du Défi Atlantique, avec plus de trente milles d’avance sur le premier des poursuivants. Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Rémi Fermin ont mis à profit la journée de dimanche pour se recaler sur la route idéale qui mène à Horta, à 556 milles de là ce matin à 8 heures. En parvenant à se replacer devant tout le monde hier après-midi, le trio a donc réussi à convertir le grand coup tactique qui les a mobilisés une vingtaine d’heures.
Comment et pourquoi l’équipe du Class40 Crédit Mutuel a joué ce coup, dans le sud de la flotte et surtout de l’autre côté de la bulle anticyclonique, en prenant le risque de s’éloigner de la route idéale ? Ian Lipinski raconte : « Grosso modo, la météo depuis hier (samedi) est extrêmement discordante. Les prévisions à très court terme étaient (et sont toujours) très divergentes, parfois contradictoires. Toute la journée de samedi, ce fut très compliqué d’y voir clair et de prendre une décision. Ce qui semblait clair, c’était de devoir finir le parcours par le nord ».
La question était alors de choisir au mieux le moment de sortir du secteur chaud dont les vents poussaient fort dans le spi. « On a attendu les derniers fichiers, en espérant lire des informations convergentes des différents modèles météo, poursuit Ian… mais en vain. Du coup, comme rien n’était clair, on s’est dit qu’on allait continuer à profiter de ce qui était bien réel : ce vent de sud-ouest qui nous faisait naviguer très vite, dans une bonne direction. Il fallait espérer que la zone située derrière le front, qu’il allait falloir nécessairement traverser à un moment ou un autre, ne serait pas plus compliquée pour nous ».
Et ce ne fut pas le cas. Pour la traversée de la zone délicate, l’équipe du Class40 Crédit Mutuel est arrivée « en serrant les fesses », souligne Ian, mais au bon moment, au bon endroit, ce qui lui permit non seulement de ne pas perdre du terrain sur ses rivaux, mais mieux encore : de surgir en tête avec 37 milles d’avance sur tout le monde. « Ce n’est pas tous les jours qu’on fait un coup pareil », sourit Ian…